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Dans mon précédent article intitulé «China’s consumption triangle—a possible trinity », j’expliquais que la consommation interne de la Chine représentera la principale opportunité de croissance globale sur les six à 12 prochains mois. Beaucoup ne seront pas de cet avis, car les données macroéconomiques récentes ont montré que la reprise qui a suivi la réouverture du marché post-COVID a été plus mouvementée que prévu. La confiance des consommateurs s'est avérée fluctuante, tandis que la reprise du secteur des services était plus encourageante. Cette situation a incité les responsables politiques à agir prudemment. Toutefois, les signes trahissant la mise en oeuvre d'autres mesures de relance se multiplient. Il s’agit de mesures que plusieurs agences gouvernementales sont en train d’élaborer, et il semblerait que le Conseil d'État discutera de ces politiques très prochainement. Il est probable qu’elles incluent au moins une douzaine de démarches destinées à soutenir l'immobilier et la demande intérieure. Les autorités chinoises sont de plus en plus convaincues qu'elles peuvent lâcher un éléphant dans le proverbial magasin de porcelaine sans provoquer de casse.

Le saviez-vous ?

Apparemment, l'expression « un éléphant (ou, pour les anglophones, un taureau) dans un magasin de porcelaine » date des années 1800 - c’était le titre d'une chanson dans un brochure imprimé par M. Angus and Son à cette époque. Cependant, de nombreuses personnes ont émis l'hypothèse que l'expression pourrait avoir vu le jour au XVIIe siècle à Londres, lorsque quelqu'un amenait du bétail au marché. Vraisemblablement, certains taureaux ont un jour réussi à s'échapper et sont entrés dans un magasin de vaisselle... D’où l’expression. Elle a bien sûr évolué pour décrire le scénario dans lequel un gros animal fait dégringoler de la vaisselle en porcelaine fragile (« China » en anglais) des étagères d'un magasin, provoquant moult dégâts. Des expressions équivalentes existent en allemand ainsi que dans d’autres langues européennes. Dans certaines de ces autres versions, c'est non pas un taureau qui entre dans le magasin de porcelaine, mais bien un éléphant. Après tout, en anglais, un éléphant mâle se dit aussi « bull ». Il est intéressant de noter qu'il y a quelques années, l'émission de télévision MythBusters a mis à l'épreuve la notion de « taureau dans un magasin de porcelaine » en montrant non pas un, mais plusieurs taureaux courant dans un magasin de porcelaine improvisé. Étonnamment, aucun taureau n'a cassé un seul plat. Les bovins batifolaient mais étaient suffisamment agiles pour éviter les étagères. Peut-être les Français et les Allemands ont-ils raison de penser qu’en réalité, c’est un éléphant qui ravage le magasin de porcelaine.

Voici mes principales observations :

En bref, au cours des six derniers mois, la réouverture de la Chine n'a pas apporté la croissance recherchée par le président Xi Jinping et son gouvernement, et la politique commence donc à changer. Comme l'ont rapporté les médias, la Chine envisage de mettre en place un nouveau programme de soutien au marché immobilier et les autorités de régulation réfléchissent à un nouvel ensemble de mesures, notamment la réduction des acomptes dans certaines zones non stratégiques des grandes villes, l'assouplissement des restrictions à l'achat, ainsi que l'affinement et l'extension des politiques annoncées dans les « 16 mesures financières » à partir de novembre 2022.1 En outre, les médias indiquent que les autorités chinoises conseillent aux grandes banques de réduire les taux de dépôt de 10 points de base (pb).2 Cette annonce a précédé celle de la Banque populaire de Chine, qui a annoncé une réduction de 10 pb du taux de rachat à sept jours, le ramenant à 2 %.3 Il s'agit là d'une mesure modeste, mais qui traduit une volonté de stimuler la croissance. Enfin, le Conseil d'État a récemment réitéré son engagement à soutenir la production et l'adoption de véhicules électriques (VE) en étendant la réduction de la taxe à l'achat et en encourageant la construction d'infrastructures de recharge de haute qualité.

En outre, la politique budgétaire fera l'objet d’un assouplissement ciblé et mesuré. Pékin comprend que le soutien du gouvernement est nécessaire pour stopper la dégradation du climat de confiance intérieure vis-à-vis de la reprise. Les investisseurs locaux et étrangers suivent d'un oeil attentif les réactions politiques, car le gouvernement prend des décisions cruciales pour la croissance à moyen terme de la Chine et la création de richesses.

Enfin, les investisseurs noteront également des changements au niveau régional, surtout dans les six « provinces économiquement fortes ». Celles-ci représentent environ 45 % du PIB chinois4 et près de 60 % du total national du commerce extérieur.5 Il s'agit des provinces côtières de Guangdong, Jiangsu, Zhejiang et Shandong, à forte vocation exportatrice, ainsi que des provinces enclavées du Henan et du Sichuan. L'objectif de croissance du PIB de ces provinces pour 2023 est de 5 à 6 %.6 Autrement dit, les investisseurs devraient regarder au-delà de Beijing et Shanghai.

L'hypothèse baissière marque un point, mais la tendance est surjouée

Le camp baissier souligne les risques de déflation, le taux de chômage record chez les jeunes, les faibles signes de reprise des investissements directs étrangers (IDE) et les importantes tensions entre les États-Unis et la Chine qui entravent le commerce bilatéral et les flux d'investissements transfrontaliers.

Certains investisseurs étrangers remettent désormais en question le rôle de la Chine en tant que contributrice à la croissance économique mondiale. Ces inquiétudes nous semblent exagérées. Il est vrai qu'entre 2013 et 2021, la contribution moyenne de la Chine à la croissance économique mondiale a dépassé les 30 %, le pays se classant au premier rang mondial, un niveau qu'il ne pourra probablement pas maintenir.7 Mais en agissant de la sorte, la Chine est devenue une grande économie et un acteur majeur du PIB mondial. En 2021, le PIB de la Chine représentera 18 % de la production mondiale, contre 11 % en 2012.8 Le PIB réel de la Chine a progressé à un taux de croissance annuel moyen de 6,6 % entre 2013 et 2021, contre 3 % pour l'économie mondiale et 4,1 % pour les économies en développement.9

En fin de compte, le bien-être de la Chine jouera un rôle essentiel dans la prospérité du reste du monde. La croissance de la Chine au cours des bouleversements mondiaux de ce siècle a permis d'amortir les chocs subis par d'autres économies. Les inquiétudes concernant la diminution du rôle de la Chine en tant que pilier mondial sont déplacées. Au contraire, la Chine est appelée à devenir un acteur encore plus important de l'économie mondiale, puisqu'elle représentera un cinquième de la production mondiale dans les cinq années à venir. Même la montée du protectionnisme commercial, qui a réduit de moitié les exportations de la Chine (en % du PIB) par rapport au pic de 40 % atteint en 2006, n'a pas entravé sa contribution à la croissance mondiale ni son émergence en tant qu'un des blocs économiques les plus puissants du monde (aux côtés de l'Union européenne et des États-Unis).10

Quelles répercussions pour les investissements chinois ?

Jusqu'à présent, en 2023, les actions chinoises sont à la traîne non seulement par rapport aux marchés américains, mais aussi aux indices japonais et allemands.11 Une croissance chinoise plus faible que prévu a clairement pesé sur la performance des prix des actions continentales, tout comme les révisions à la baisse significatives des bénéfices des entreprises.12 Le marché chinois des actions a dérapé cette année.13

Actions chinoises : Ratio cours/bénéfice à terme pendant les périodes de tensions précédentes sur le marché par rapport au ratio cours/bénéfice à terme actuel

Sources : Analyse par le Franklin Templeton Institute, indices MSCI, Bloomberg, au 7 juin 2023. Rien ne garantit que les prévisions, projections ou estimations se réalisent.

Mais en conséquence, les actions chinoises ont déjà influencé par de nombreuses perturbations. Par exemple, selon nos calculs, le marché des actions chinoises anticipe désormais une probabilité de récession de plus de 80 %. Cette probabilité se fonde sur le ratio cours/bénéfice à terme de l'indice MSCI Chine ; celui-ci est de 10,8 fois, ce qui est désormais inférieur aux ratios médians des précédentes périodes de tensions sur les marchés, notamment la crise financière mondiale (13,4 fois), la pandémie de COVID-19 (13,3 fois) et l'année 2022 (11,7 fois).14 De même, les marchés du crédit chinois évaluent les risques de récession, ce qui se reflète dans les écarts de crédit importants dans les gammes d'échéances de un à trois ans et de cinq à dix ans.15

Obligations chinoises : Écarts de crédit au cours des périodes précédentes de tensions sur les marchés par rapport aux écarts de crédit actuels

Sources : Analyse par le Franklin Templeton Institute, indices ICE de la BofA, Macrobond, au 7 juin 2023. Indices utilisés : ICE BofA China Offshore Corporate Index, ICE BofA China Corporate Index, ICE BofA 1-3 Year China Corporate Index, ICE BofA 3-5 Year China Corporate Index, ICE BofA 5-10 Year China Corporate Index, ICE BofA 10-15 Year China Corporate Index and ICE BofA 15+ Year China Corporate Index. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les indices ne sont pas gérés et il n’est pas possible d’y investir directement. Mentions et conditions importantes du fournisseur de données disponibles sur www.franklintempletondatasources.com.

Compte tenu des multiples perturbations déjà prises en compte et des mesures de relance en cours, nous prévoyons une reprise des marchés chinois au cours du second semestre 2023. La reprise se fera probablement par étapes.

Il est utile de rappeler que l'optimisme suscité par la réouverture post-COVID fin 2022 a entraîné des afflux de capitaux étrangers d'une valeur de 25 milliards de dollars au cours des cinq premiers mois de 2023.16 Mais l'intérêt a diminué avec la stagnation de l'économie, entraînant des sorties de 2,4 milliards de dollars en avril et en mai.17 À mesure que la politique devient plus incitative, nous nous attendons à un regain d'intérêt pour le marché, car les attentes en matière de croissance et de bénéfices augmentent, dans ce que nous considérons comme étant un contexte de valorisations attrayantes. 

Les opportunités d'investissement en actions sont susceptibles de s'orienter vers l'industrie manufacturière, en particulier les équipements industriels, et le secteur bancaire. Selon notre analyse, les équipements industriels devraient bénéficier d'une hausse probable des dépenses d'investissement dans le cadre de l'amélioration de l'économie. Pour le secteur bancaire, nous pensons que des bénéfices stables et une bonne qualité des actifs, accompagnés de valorisations attrayantes, sont des éléments clés.

Enfin, il conviendrait de noter que les perspectives économiques mondiales s'améliorent également. Les signes de baisse de l'inflation, sans ralentissement économique marqué aux États-Unis ou en Europe, renforcent le sentiment des investisseurs mondiaux. Les taux directeurs sont proches de leur maximum aux États-Unis, et l'Europe n'est pas loin derrière. Selon nous, la récession mondiale des bénéfices semble avoir atteint son point le plus bas, les révisions à la hausse étant désormais la norme dans la plupart des régions.

Nous pensons que la Chine et les actions chinoises devraient bénéficier de ces évolutions. Il nous semble de plus en plus évident que la base restreinte du leadership en matière d'actions, qui a dominé les performances du marché au cours du premier semestre 2023, cède la place à une participation mondiale plus importante. Alors que la Chine se trouve au point le plus bas de son cycle économique et de ses bénéfices, mais tout en offrant également ce que nous considérons comme des valorisations attrayantes, elle est en bonne position pour se joindre à la reprise généralisée des marchés boursiers mondiaux, un phénomène qui pourrait caractériser le second semestre de 2023.

Conclusions : Ne craignons pas le taureau dans le magasin de porcelaine  

Le « taureau » dans un magasin de porcelaine tend à être associé à un environnement fragile et à de la maladresse.

Mais ce n'est pas la même chose que d'être un taureau haussier sur le marché boursier chinois. Nous pensons qu'un soutien politique approprié - coordonné entre le gouvernement central et les autorités régionales - devrait faire oublier les déceptions liées à la reprise de la Chine qui ont affecté le marché des actions depuis le début de l'année. L'amélioration des perspectives mondiales y contribue également, tout comme la volonté croissante des investisseurs d'élargir leurs horizons.

À ce titre, nous accueillons volontiers le taureau haussier dans le magasin de porcelaine chinoise. Parcourir tranquillement ses actifs permet de déceler de la valeur.



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