Principales conclusions
- Les marchés d’actions ont connu en juillet l’une de leurs plus fortes rotations depuis plusieurs années, avec une envolée des petites capitalisations et des actions value et un repli des actions technologiques de mégacapitalisation.
- Pour les investisseurs, la question clé est de savoir si cette tendance va se poursuivre ou s’estomper, comme ce fut le cas lors des rotations précédentes. Plusieurs des cinq principaux catalyseurs qui ont déclenché ce changement de position récent en tête du marché pourraient persister au cours des prochains trimestres.
- Il est vrai que la crainte d’un essoufflement de la croissance pourrait provoquer une inversion de cette rotation, mais nous prévoyons au final un redressement de la croissance économique qui devrait favoriser les petites capitalisations ainsi que les actions value et cycliques. Le potentiel d’une frénésie de négociation souligne selon nous l’importance de maintenir un portefeuille diversifié. Nous pensons que les gérants actifs possèdent un avantage par rapport aux indices de référence passifs étant donné leur capacité à éviter les segments potentiellement surévalués.
Le fléchissement de l’inflation déclenche un changement significatif en tête du marché.
Les marchés d’actions ont connu en juillet l’une de leurs plus fortes rotations depuis plusieurs années, avec un passage en tête de segments anciennement à la traîne, comme les petites capitalisations et les actions value, et un repli des actions technologiques de mégacapitalisation anciennement en tête de peloton. L’indice S&P 500 a terminé le mois en hausse de 1,2 %, un chiffre qui masque les tourbillons qui ont secoué le marché sous la surface. Alors que la première moitié du mois a vu la poursuite des tendances de leadership qui avaient marqué le premier semestre 2024, le relevé d’IPC publié le 11 juillet au matin a marqué un tournant. Depuis leur point le plus haut atteint la veille, les Sept Fantastiques (Alphabet, Amazon.com, Apple, Meta Platforms, Microsoft, Nvidia et Tesla) accusent une baisse de 9,4 % alors que le Russell 2000 est en hausse de 9,9 %. En outre, l’indice S&P 500 à pondérations égales a surpassé sa version pondérée selon les capitalisations de 5,6 %, et le Russell 1000 Value Index a surpassé le Russell 1000 Growth Index d’un peu plus de 10 %.
Illustration 1 : Leadership sur le marché d’actions en 2024

Données au 31 juillet 2024. Sources : S&P, Russell, UBS et Bloomberg. Remarque : Sept Fantastiques vs. 493 correspond au rendement de cours relatif des 7 Fantastiques par rapport au S&P UBS hors 7 Fantastiques ; Cap. vs. Égal correspond au rendement de cours relatif du S&P 500 par rapport au S&P 500 Equal Weight ; Grandes vs. petites capitalisations correspond au rendement de cours relatif du Russell 1000 par rapport au Russell 2000 ; Croissance vs. Value correspond au rendement de cours relatif du Russell 1000 Growth par rapport au Russell 1000 Value.
Ce changement de direction a surpris de nombreux investisseurs, et même si nous pensons qu’un élargissement du leadership représente une dynamique saine, la question clé pour l’avenir est de savoir si cette tendance va se maintenir ou s’estomper comme ce fut le cas lors de plusieurs rotations antérieures ces dernières années. Nous pensons qu’il est instructif d’analyser les cinq principaux catalyseurs qui ont déclenché cette rotation, puis de formuler un avis quant aux dynamiques qui ont sans doute déjà fini de produire leurs effets et aux autres qui pourraient persister davantage au cours des prochains mois.
- Modération de l’inflation : Le changement de leadership a commencé après la publication de l’indice des prix à la consommation de juin. Une troisième baisse consécutive de l’inflation a contribué à confirmer que les chiffres d’inflation élevés du premier trimestre étaient une aberration, ce qui devrait permettre à la Réserve fédérale de commencer à normaliser les taux d’intérêt lors de sa réunion de septembre. Cela devrait contribuer à provoquer une nouvelle accélération de la croissance économique américaine en 2025 et confirmer l’atterrissage en douceur qui s’annonce déjà aujourd’hui, avec pour conséquence une plus forte croissance des bénéfices des entreprises cycliques qui se montrent plus performantes en période de relance du PIB. Les indices de référence pour les petites capitalisations et les actions value présentent une plus grande exposition aux entreprises cycliques que ceux des actions de grande capitalisation et de croissance, et ils devraient donc continuer de tirer leur épingle du jeu avec la normalisation des politiques de taux d’intérêt fin 2024 et en 2025.
- Positionnement : Avant la publication de l’IPC de juin, l’année 2024 avait été marquée en grande partie par la poursuite de la tendance de ces dernières années, avec des marchés d’actions dominés par les Sept Fantastiques. Cette dynamique aux dimensions multiples a dirigé des flux de capitaux importants vers ces titres, avec pour résultat un positionnement déséquilibré et un agglutinement des investisseurs du même côté du « bateau » que constitue le marché. Même si les investisseurs ont commencé à se disperser sur le reste du navire, ce positionnement extrême n’a pas encore été entièrement corrigé. Le cycle initial de couverture en positions courtes lié à cette évolution approche toutefois probablement de son terme, de sorte que cette dynamique a moins de chances de constituer un moteur déterminant à moyen terme.
- Concentration et valorisation du marché : Les 10 plus grandes composantes de l’indice S&P 500 représentaient 37,5 % de l’indice de référence à l’aube du troisième trimestre. Ce pourcentage dépasse largement ceux observés à la fin des années 1990 et entraîne un risque de concentration élevé. Cette dynamique a également déséquilibré les valorisations puisque les 10 plus grandes capitalisations se négociaient à un BPA de 29,3x les bénéfices attendus sur les 12 mois à venir, contre un chiffre nettement plus raisonnable de 17,8x pour les 490 autres. Ces valorisations ambitieuses réduisent la protection à la baisse en cas de perception d’une actualité défavorable, et même si cet écart de valorisation s’est réduit en juillet, il reste une marge de normalisation des écarts de valorisation (entre les plus grandes capitalisations et le reste du marché) et de réduction de la concentration des indices au cours des prochaines années.
Illustration 2 : Plus grandes capitalisations faussant les valorisations

NTM = 12 prochains mois Données au 30 juin 2024. Source : UBS
- Une bulle de l’intelligence artificielle (IA) ? Les premiers chiffres publiés lors de la période d’annonce des résultats du deuxième trimestre ont un peu déçu, avec des résultats en recul et des orientations décevantes de la part de certaines entreprises exposées à l’IA, en particulier, qui ont amplifié le changement de leadership naissant. Nous avons toutefois dépassé la moitié de la période d’annonce des résultats, et les annonces les plus récentes ont fait état de meilleurs chiffres et d’orientations plus optimistes. La prise de bénéfices profitant d’une période de faiblesse après une énorme relance pourrait se poursuivre aussi longtemps que les investisseurs continuent de se demander si la folie de l’IA a été trop loin. Nous pensons toutefois que bon nombre de ces craintes sont exagérées, un point de vue fondé sur des discussions avec nos collègues chargés de la recherche sectorielle comme l’analyste des équipements technologiques de ClearBridge Anuj Parikh, qui observe la présence de fondamentaux sous-jacents solides dans ce segment :
“Les avancées rapides de l’IA générative et le développement de modèles plus efficaces contribuent à la forte adoption des infrastructures et services d’IA par des millions de développeurs et d’entreprises de premier plan dans tous les secteurs dans la mesure où l’IA leur permet de développer de meilleurs logiciels, d’analyser leurs données et de protéger leurs organisations contre les menaces de cybersécurité.”
Dans cette perspective, nous ne pensons pas que les craintes d’une bulle de l’IA représentent actuellement un moteur durable de rotation du leadership.
- Croissance relative des bénéfices : Le leadership récent du marché s’est appuyé en grande partie sur les fondamentaux, les plus grand noms du S&P 500 enregistrant une forte croissance des bénéfice par action (BPA) tandis que le reste de l’indice de référence et les actions de petite capitalisation subissaient un recul de leurs résultats. On s’attend toutefois à ce que le deuxième trimestre soit le dernier dans lequel les Sept Fantastiques présentent un avantage significatif au niveau de la croissance de leurs bénéfices, et ils devraient en fait accuser un retard à l’avenir. Cette évolution des fondamentaux relatifs commence à se ressentir dans les multiples de résultats, les bénéfices étant le principal moteur des rendements du marché sur des périodes prolongées. En conséquence, cette inversion de la croissance relative des bénéfices, si elle se confirme, pourrait entraîner un changement plus durable de leadership du marché sur les 12-18 mois à venir.
Illustration 3 : L’avantage des 7 Fantastiques s’estompe

L’expression « Sept Fantastiques » désigne les actions suivantes : Microsoft (MSFT), Amazon (AMZN), Meta (META), Apple (AAPL), Google parent Alphabet (GOOGL), Nvidia (NVDA) et Tesla (TSLA). Données au 31 juillet 2024. Sources : FactSet, Russell, S&P.
Au vu de toutes ces considérations, plusieurs des principaux moteurs du changement de leadership récent du marché pourraient persister au cours des prochains trimestres. Le leadership évolue rarement de manière linéaire, et nous pensons que le court terme (sur les quelques prochains mois) pourrait connaître un basculement favorisant l’ancien leadership sur la base de leur impression de sécurité en cas de nouveau ralentissement de l’économie. Nous pensons que l’économie finira par connaître un atterrissage en douceur, un point de vue qui se fonde sur les signaux provenant du Tableau de bord sur les risques de récession de ClearBridge, qui ne présente aucun changement ce mois-ci et reste en territoire vert (expansionniste).
Illustration 4 : Tableau de bord sur les risques de récession de ClearBridge

Source : ClearBridge Investments.
Même s’il est vrai que des craintes pour la croissance pourraient étouffer dans l'œuf ce changement de leadership, nous pensons que l’économie finira par accélérer à nouveau. Notre confiance repose sur de solides fondements macroéconomiques, le faible nombre d’excès du marché et la position plus conciliante de la Fed. Nous pensons que cette relance de la croissance économique devrait favoriser les gagnant récents, à savoir les petites capitalisations et les actions value et cycliques davantage exposées à l’accélération de l’économie. Le risque d’une certaine frénésie à la tête du marché nous rappelle l’importance de la diversification des portefeuilles et d’un rééquilibrage, en particulier après de longues périodes de surperformance ou de sous-performance. Et enfin, les événements de ces dernières semaines mettent également en exergue l’avantage des gérants actifs dans les situations de concentration extrême des marchés, puisque les fonds passifs ne sont pas en mesure d’éviter les segments potentiellement problématiques dans les indices de référence qu’ils s’efforcent de reproduire.
Notes de fin
- Au 11 juillet 2024.
Définitions
Le tableau de bord sur les risques de récession de ClearBridge est un groupe de 12 indicateurs qui analysent la santé de l’économie américaine et la probabilité d’un ralentissement.
Le S&P 493 est l’indice S&P 500 qui exclut les sept valeurs technologiques (Magnificent Seven). L’indice S&P 500 est un indice non géré composé de 500 actions qui est généralement représentatif des performances des grandes entreprises aux États-Unis.
L’indice Russell 1000 est un indice non géré, pondéré par la capitalisation boursière des valeurs américaines de grande capitalisation. Il mesure la performance des 1000 principales entreprises américaines cotées de l’indice Russell 3000.
L'indice Russell 1000 Value est un indice non géré d'entreprises issues de l'indice Russell 1000 des grandes capitalisations et sélectionnées pour leur orientation « value ».
L'indice Russell 1000 Growth est un indice non géré d'entreprises issues de l'indice Russell 1000 des grandes capitalisations et sélectionnées pour leur orientation « croissance ».
Le Russell 2000 est un indice d’actions de petite capitalisation américaines qui mesure la performance des quelque 2 000 plus petites entreprises cotées américaines de l’indice Russell 3000.
L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure l’évolution moyenne des prix à la consommation aux États-Unis au fil du temps sur un panier de biens et services fixe déterminé par l'U.S. Bureau of Labor Statistics.
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